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Les géants du net portent plainte contre la France, et ils ont raison !

12/04/2011

Vous l’avez sûrement vu passer dans vos journaux ou flux RSS la semaine dernière mais 20 géants du net, Google et Facebook en tête, ont porté plainte contre une nouvelle loi française forçant tout un tas de sites d’e-commerces, d’hébergeurs, de services vidéos, de musiques et de courriel à garder bien au chaud les données personnelles de leurs utilisateurs. Outre le fait qu’une telle mesure va à l’encontre de l’évolution globale d’Internet et que donc une telle loi ne pourra, même si elle passe, jamais être pleinement appliquée, une telle mesure va en plus à l’encontre même des valeurs des droits de l’homme dont la France se veut le fer de lance et le garant dans le monde.

Au delà de l’image pathétique que s’est construite la France au yeux de ses confrêres internationaux ces derniers mois, ce nouvel épisode de « flicage HADOPI-like made in France » illustre à merveille l’un des principaux problèmes dans notre pays : ceux qui proposent ce genre de lois ne comprennent pas le net.

Revenons à l’affaire qui nous concerne pour illustrer mon propos. Le groupe des géants du web, l’ASIC (l’Association des Services Internet Communautaires), dénonce donc la nouvelle loi forçant les acteurs majeurs du web à garder les informations personnelles de ses utilisateurs pour les mettre potentiellement à disposition du gouvernement. Parmi ces données personnelles, les mots de passes doivent être stockés… en clair, c’est-à-dire sous forme textuelle lisible. Or, tout bon service en ligne qui se respecte ne conserve justement pas les mots de passes ! En effet, ne pas conserver les mots de passes augmente la sécurité (en cas de piratage de bases de données, par exemple, les malotrus n’auront pas accès au même mot de passe que vous utilisez pour 15 autres sites internets) et est l’un des résultats de la confiance qu’ont dû construire difficilement les sites de services en ligne avec leurs internautes, longtemps refractaires à confier à un acteur virtuel inconnu leurs données personnelles.

Techniquement, à la création de votre compte, vous entrez votre mot de passe. Celui-ci va être passé dans un algorithme dit de « hash » pour en produire une version illisible et surtout irréversible (on ne peut pas retrouver le mot de passe à partir du hash). C’est ce hash qui sera conservé en base et non la version textuelle brute et lisible. Lors de votre prochaine connexion, vous entrez votre mot de passe qui sera soumis à nouveau au même algorithme, et c’est le résultat qui sera comparé avec la version stockée en base pour vous accorder ou pas l’accès au service sécurisé. C’est très simple et maintenant bien ancré dans les bonnes méthodes des services en ligne correctement sécurisés. Ce sont des méthodes qui ont été nécessaires pour développer la confiance des utilisateurs envers ces services virtuels.

Et là, on vient nous pondre une loi qui remet en cause tout cela en forçant les sites à conserver la version lisible du mot de passe ! Avec ce que je viens de vous expliquer, vous comprenez maintenant pourquoi les grands du web sont furieux et portent plainte contre la France. Si les législateurs qui nous ont sorti cette loi s’étaient un tant soit peu intéressés au problème en prenant un peu de recul, ils auraient tout de suite compris que le « flicage à tout prix » ne peut se faire n’importe comment et que le web possède déjà ses codes. On ne peut pas lui dicter sa loi. Il n’y a qu’à regarder les places de plus en plus importantes que prennent les membres de l’ASIC dans l’économie mondiale et Française. Internet et ses acteurs majeurs ne doivent pas être pris à la légère. Internet ne peut pas suivre les petites règles édictées par quelques gendarmes législateurs aussi zélés qu’incompétents. Avec les différents procés que ce sont pris Google (Street View et Buzz) et Facebook (Sécurisation de données privées trop complexes) ces dernières années sur leur façon de gérer la sécurité et la vie privée des utilisateurs, voilà que la France leur demande de faire machine arrière. Mais bien sûr ! Mais pour qui se prend-elle ?

La toile Française n’a pas encore la couleur de la toile Chinoise, mais elle tend définitivement vers les façons de faire du pays qui bafouent chaque jour un peu plus les droits de ses habitants. Les droits sur le web sont de plus en plus virtuels, oserais-je dire.

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