Dans ce nouveau billet personnel, je vais vous parler d’un sentiment que je partage avec pas mal de gens sur cette planète. Cette catégorie de personnes dont je fais partie, c’est celle des daltoniens. Je ne vais pas vous parler des tests de dépistage, des différents types de daltonismes ou de faits divers dus à ce problème. Non. Je vais vous confier une tristesse très personnelle.
La vie pas toujours rose d'un daltonien
Je ne suis pas daltonien pur et dur. J’ai juste un peu de mal avec certaines couleurs (marron, rouge, vert) lorsqu’elles se jouxtent. Par moment, certains écrans ou panneaux publicitaires clignotent tellement ces cons de créatifs ne pensent pas à nous, mais ça s’arrête là. Donc, ne vous inquiétez pas si vous me croisez au volant, je vois très bien lorsqu’il faut s’arrêter au feu tricolore lorsque celui-ci est bleu… euh… rouge.
Je ne vais pas non plus faire pleurer dans les chaumières car je sais que j’ai la merveilleuse chance de ne pas avoir d’autre problème de vue type myopie qui me forcerait chaque jour à jongler avec des lentilles et des lunettes. Non, le sentiment que j’aimerais partager ici est plus une tristesse esthétique.
La vue est clairement le sens que je garderai avant tous les autres si on me demandait un jour, dans un show de Télé-Réalité à la con de TF1, lequel je sacrifierais pour gagner une séjour sur une île paradisiaque. (Et puis ce serait con de gagner le voyage et de rien en voir !) J’aime ce qui est beau. Et lorsque l’on connait la beauté de la fille qui me côtoie dans ma vie, on ne peut pas mettre en doute ma qualité d’esthète. J’ai une tristesse empathique incroyable pour les aveugles de notre monde qui ne voient pas toutes ses belles choses. J’aime les formes, les couleurs et leurs innombrables combinaisons permettant une infinité d’univers.
Malheureusement, je suis daltonien. Je le sais. Je ne me plains pas. Ce n’est pas injuste, c’est comme ça. C’est toujours mieux que d’avoir une réelle incapacité comme un pied en moins ou un thorax concave 😉 Donc, je remercie mes parents d’avoir cocher « daltonisme léger » dans la colonne « tares obligatoires » de la commande au catalogue des Cigognes. Mais, mis à part les railleries de mes amis proches sur mon soucis visuel :
« Hey, Alco, elle est de quelle couleur cette nappe ?
– Bah, rouge. Pourquoi ?
– Eheh, t’es sûr qu’elle est rouge ? Comme le sapin dehors, alors ? Eheh »
il est une chose qu’en tant que daltonien me rend parfois triste : je ne vois qu’une version fade du monde qui m’entoure.
En effet, je suis triste de ne pas pouvoir apprécier pleinement les couleurs des objets, des œuvres, de la nature et de toutes ces beautés qui nous entourent. Je trouve un paysage d’automne déjà magnifique, mais je sais que les autres en voit les véritables couleurs, encore plus vives, plus belles, plus vraies. Je n’en vois qu’une version plus terne, moins colorée. Je suis conscient que des nuances m’échappent et ça me rend souvent triste. Je ne peux pleinement apprécier les couleurs d’un tableau de maître alors que son auteur a volontairement passé des heures à mélanger ses tons pour parvenir à la teinte parfaite. Et cela parce que je SAIS que je ne vois pas les vraies couleurs !
"C'est encore plus beau en vrai." @ Moi
Pour moi, la conscience d’être daltonien est plus handicapante que d’être daltonien en soi. Savoir que je ne verrai jamais les véritables couleurs des dessins ou de la peinture des nouilles que mes enfants m’offriront inévitablement à une prochaine fête des pères m’emplit de tristesse. Mais, rassurez-vous ! Du coup, je sais aussi que ce que je trouve magnifique l’est encore plus en vrai.
Et ça, c’est génial !
Credits photo: Color Blind by ~RADICALrandy
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